Tourné vers l'avenir depuis 130 ans
Le mouvement coopératif laitier a commencé dans l'est de la France mais a vraiment pris son essor en Charentes-Poitou
« Faites bâtir une tour aux hommes et vous en ferez des frères ! »
Saint-Exupéry
L'esprit Coopératif
L’éducation coopérative vise « à former des hommes responsables et solidaires pour que chacun d’entre eux s’élève à une pleine vie personnelle et ensemble à une pleine vie sociale ». Liberté et responsabilité sont deux mots-clés pour les coopérateurs et les mutualistes.
Les principes de la coopération
Coopérer, c’est œuvrer ou travailler ensemble. Deux notions qui sont associées à l’idée de coopération : effort personnel et solidarité.
Le coopérateur doit travailler au succès de sa coopérative. En contrepartie des satisfactions qu’il attend, il contracte envers elle des obligations et des devoirs. Chacun met ses efforts en commun pour atteindre un but profitable à la communauté.
Les coopératives laitières
La production laitière de notre bassin s’est installée de façon importante à la fin du 19ème siècle où les éleveurs de l’époque ont pu trouver des terres disponibles après que les vignes initialement présentes ont été décimées par le phylloxéra. Très vite une organisation collective, à travers le début du mouvement coopératif, s’est mise en place. Elle s’est poursuivie par la création en 1893 de l’Association Centrale des Laiteries Coopératives des Charentes et du Poitou qui deviendra ALCO pour accompagner davantage ce développement.
En quarante ans plus de 130 coopératives sont créées, elles passent de 90 sociétaires en 1888 à plus de 87 000 en 1927 et la collecte s’accroit très significativement pour arriver à cette époque à près de 500 millions de litre. La qualité du lait fait également des progrès importants par une meilleure connaissance scientifique du lait et une amélioration des conditions de transport et de conservation.
Eugène Biraud, le précurseur
Comment un service militaire aura t-il des conséquences inattendues?
Les fruitières suisses : un modèle !
Un jour, Eugène Biraud entendit quelques agriculteurs voisins parler des «fruitières » qu’ils avaient vues lors de leur internement en Suisse, en 1871. Faisant partie de l’armée du général Bourbaki, ils avaient ainsi découvert ce système ancestral, datant probablement du XIIIe siècle. Mais qu’avaient ils donc découvert ? La fruitière, mot dont l’origine est discutée, constitue une sorte de coopérative, « fille de la nécessité ».
Chaillé, la véritable naissance de la coopérative laitière.
Eugène BIRAUD eut l'idée d'appliquer une formule similaire aux fruitières à Chaillé, Saint Georges-du-Bois (près de Surgères).
Né le 3 juillet 1825 à Chaillé, cet ancien cultivateur sut convaincre des producteurs laitiers de la région de Chaillé et des environs immédiats.
Chaque adhérent versa 25 Francs pour l’installation de la Laiterie Coopérative de Chaillé, qui ouvrit ses portes le 13 janvier 1888 avec 12 adhérents seulement.
Au départ, la coopérative de Chaillé empruntait aux fruitières le système du «tour» ; chaque sociétaire procédait « à son tour» aux opérations d’écrémage du lait, puis au barattage de la crème et au malaxage pour fabriquer le beurre. Chacun remportait chez lui son lait écrémé. Les débuts furent modestes et difficiles : «l’usine » n’était qu’une grange, le matériel était rudimentaire et le transport du beurre jusqu’à la gare voisine s’effectuait en brouette...
La première expédition faite pour Paris comptait trois mottes de beurre !
Pourtant, les résultats dépassèrent rapidement les espérances du fondateur et de ceux qui l’avaient suivi.
Dès février, le lait était payé 12 centimes le litre, ce qui encouragea les autres producteurs à adhérer.
Après moins d’un an d’existence, la coopérative comprenait 162 sociétaires qui recevaient une rétribution de 16 à 20 centimes par litre de lait. Le succès fit que la coopérative put remplacer son matériel à bras par du matériel industriel.
La révolution agricole devenait un fait irréversible en Aunis.